La collection photographique "Marcel Chatenay" (1914-1918)

Marcel Chatenay dans sa chambre, à Ypres, en décembre 1914

Un regard sur le quotidien de la Grande Guerre

Don de 2843 vues stéréoscopiques aux Archives de Saumur

En septembre 2013, Yves Cornet, grand collectionneur de cartes postales, donne 886 vues stéréoscopiques aux Archives de Saumur. Ces vues ont été produites durant la Grande Guerre par Marcel Chatenay, le grand-père de sa femme. A la suite de l'exposition "Regard d'un poilu" réalisée en 2014, Dominique Chatenay, petit-fils de Marcel, complète la collection avec 1957 vues supplémentaires.

La photographie stéréoscopique

La prise de vue s'opère avec un appareil à double objectif procurant deux images négatives, décalées latéralement pour reproduire l'écart des yeux. Ce négatif, fixé sur une plaque de verre, au format 6 x 13 cm ou 4,5 x 10,7 cm, est ensuite tiré par contact sur une autre plaque prête à l'emploi, qui fournit ainsi les deux images positives décalées latéralement. Celles-ci sont visionnées à l'aide d'un stéréoscope, appareil à double lentilles ou projetées à l'aide d'un appareil spécifique. L'effet de relief est saisissant à l'instar des sensations visuelles procurées par les images en 3D d'aujourd'hui.

Marcel Chatenay (1883-1955)

Originaire de Doué-la-Fontaine, Marcel gère l'épicerie familiale dans sa commune natale, lorsque la guerre éclate en août 1914. Agé de 31 ans, il relève de la réserve de l'armée active et porte le grade d'officier d'administration du service de santé militaire. Dès octobre, il est affecté au groupe des brancardiers de la 18e division d'infanterie. Envoyé au front, l'officier n'est pas en première ligne, mais juste à l'arrière, où se trouvent les ambulances, les dépôts d'artillerie, les chevaux, ainsi que les cuisines et autres services.

Il connaît les bivouacs et les abris de fortune, parcourt la campagne et traverse les agglomérations dévastées. Sur la route, il croise d'autres troupes, dont celles des colonies d'Afrique du nord. Il s'arrête devant les cavaliers de l'Armée des Indes et les colonnes de prisonniers allemands.

En 1917, il est envoyé au camp du Gaschney, dans les Vosges. L'ambulance alpine 306, à laquelle il est affecté, fait partie du camp français le plus important de la région, avec sa dizaine de salles de soins et d'opérations chirurgicales. En novembre 1918, l'ambulance est transférée à Géradmer. Démobilisé en avril 1919, Marcel retrouve sa femme Marie-Louise, épousée en 1912. Leur premier enfant, Jean, naît en 1921. Arriveront ensuite Marcelle en 1927 et Alain en 1934. La vie reprendra son cours à Doué-la-Fontaine.